Martin Meyer
Prix Européen de l’Essai Charles Veillon 2004, pour
Krieg der Werte. Wie wir leben, um zu überleben, Zürich, Nagel & Kimche, 2003
Martin Meyer est né en 1951. Il a suivi les classes du Realgymnasium (Freies Gymnasium) de Zurich et obtenu sa maturité en 1970. Une thèse de doctorat sur Schiller et les premiers Romantiques a couronné ses études de langue et littérature allemandes, d’histoire et de philosophie. Très jeune, il débuta sa carrière journalistique collaborant dès 1974 au "feuilleton" de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), où il s’est d’abord occupé de philosophie et des littératures anglophones avant d’en devenir le directeur, en 1992. Ses principaux ouvrages sont consacrés à Ernst Jünger et Thomas Mann. Marié, il a un fils et habite en ville de Zurich. Très impliqué dans de nombreuses activités liées au domaine du culturel - membre correspondant de l’Académie Allemande de Langue et de Poésie, membre du comité directeur de la Société Suisse pour la recherche consacrée aux domaines étrangers, il est aussi vice-président du Conseil de la fondation culturelle de l’UBS.
Martin Meyer a souvent participé à des séminaires et conférences ayant trait à la philosophie, par exemple dans le cadre des journées annuelles dédiées à Nietzsche, à Sils-Maria, et à la musicologie. Lui-même pianiste, il écrit régulièrement des critiques très compétentes sur des récitals de piano, notamment sur Alfred Brendel. Cet artiste a fait paraître un volume d’entretiens avec Martin Meyer. (Alfred Brendel: Ausgerechnet ich, Hanser, Munich, 2001)
Son livre sur Thomas Mann, Tagebuch und spätes Leid, publié en 1999, également auprès des éditions Hanser, est principalement une présentation nuancée des Journaux intimes de Thomas Mann dont ne subsistent que les années 1918 à 1921 et 1933 à 1955, plus de 4’000 pages. Thomas Mann s’y définit comme bourgeois humaniste, dans la tradition d’Érasme. Le commentaire fascinant de Martin Meyer retrace cette vie nourrie de douleur et de gloire et dévoile l’inconstance et l’insécurité dans les réflexions sur la politique de cet auteur ainsi que les déboires de l’exilé et le jeu des masques auquel doit recourir celui qui tient à cacher son homosexualité. Nous avons là un portrait saisissant et très différencié d’un des grands romanciers du XXe siècle.
L’ouvrage: Krieg der Werte. Wie wir leben, um zu überleben
Dans son ouvrage primé par le Prix Européen de l’Essai 2004, Krieg der Werte, Martin Meyer décrit ce que le 11 septembre 2001 a changé dans la confrontation de l’Occident avec un ennemi invisible de type nouveau. Il démontre que les assassins n’étaient pas des criminels ordinaires, mais les défenseurs de valeurs qui contredisent celles des nations occidentales et qui prennent forme dans une guerre sainte où la religion a une fonction motivante. Les attaques américaines contre l’Afghanistan et l’Irak ont concrétisé la conception fondamentale d’une guerre entre deux catégories de valeurs humaines touchant à la politique et à la religion. Martin Meyer décrit aussi l’ébranlement que subissent les valeurs de l’Occident, le 11 septembre pouvant lui servir de miroir. De là, il procède à un examen de la situation mondiale à partir de la chute du mur de Berlin en 1989. Il insiste sur le caractère hypothétique de notre civilisation actuelle, sur sa fragilisation, son caractère de globalisation qui confère à tous les progrès un statut provisoire. Il intègre dans son analyse aussi la pensée rebelle de Nietzsche.
Ce qui caractérise cet essai, c’est son équilibre, son bon sens, l’ampleur de l’information dont il fait preuve, la sagesse qui s’exprime dans son analyse des possibilités de survie de la complémentarité traditionnelle entre hédonisme et ascèse.
Allocutions, laudatio et conférence du lauréat :
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