Exposition Afropean Express

Présentation du projet

L’exposition photographique Afropean Express réalisée par le Forum on European Culture, présentée par la fondation Charles Veillon et le Prix Européen de l’Essai au festival le Livre sur les quais à Morges, s’est déclinée en deux formats d’exposition: à l’Espace 81, une galerie au centre-ville, et en plein air, sur les quais de Morges.

Compte tenu du succès rencontré sur les quais, l’installation dans l’espace public a pu être prolongée. Cette visibilité à ciel ouvert a mené de nombreux visiteurs et visiteuses à prendre le chemin de l’Espace 81 pour découvrir la suite de l’exposition.

L’exposition indoor s’est tenue à l’Espace 81 du 1er au 24 septembre 2022. L’entrée a été libre tous les jours de 9h à 18h. L’exposition outdoor s’est tenue sur les quais de Morges du 1er septembre au 31 octobre 2022.

Ce projet artistique et littéraire qui explorait les interactions sociales, culturelles et esthétiques des cultures noires et européennes a donné lieu à un vernissage public et diverses actions de médiation développées par la fondation Charles Veillon en collaboration avec le festival Le Livre sur les quais et le Service de la culture de la Ville de Morges.

Nous remercions pour leur généreux soutien le Service de lutte contre le racisme du Département fédéral de l’intérieur, la Loterie Romande, la Fondation Philanthropique Famille Sandoz, la Fondation Jan Michalski et la Ville de Morges.

Les expositions photographiques indoor et outdoor
L’auteur d’une œuvre littéraire et visuelle

L’auteur Johny Pitts a reçu le Prix Européen de l’Essai en 2021 pour son livre Afropéens. Carnets de voyages au cœur de l’Europe noire. Cet ouvrage nous invite à explorer l’Europe afrodescendante dans toute sa dimension sociale, économique et artistique. Parallèlement à son magnifique travail d’écriture, l’auteur avait documenté son voyage avec des photographies en noir et blanc. Ce sont ces photographies qui ont été réunies dans un projet itinérant d’exposition intitulé Afropean Express, exposition qui donne à voir ce que peut signifier être noir·e aujourd’hui en Europe.

Connu pour son travail journalistique autour de l’exploration des identités afropéennes, Johny Pitts s’est mis en quête de l’identité «afropéenne», faisant remonter à la surface la grande Histoire ainsi que l’histoire quotidienne et multiple des communautés noires du continent. Il parcourt les principales villes d’Europe pour interroger des citoyens afro-européens sur la perception qu’ils ont d’eux-mêmes. Comment se racontent-ils? Comment vivent-ils leur double appartenance? Johny Pitts montre que les Afro-européens d’aujourd’hui font partie intégrante de toutes les couches de la société européenne et forgent ainsi de nouvelles identités.

Johny Pitts travaille en collaboration avec la BBC et la National Geographical Society. Il a reçu plusieurs prix pour son travail d’exploration de l’identité afro-européenne, dont le prix Decibel Penguin et le prix ENAR (European Network Against Racism). Il est également fondateur de la plateforme en ligne Afropean.com, une revue en ligne multimédia et multidisciplinaire qui explore les interactions sociales, culturelles et esthétiques des cultures noires et européennes, ainsi que la synergie des styles et des idées résultant de cette union.

En tant que participant au groupe de réflexion des jeunes leaders européens 2022 du think tank Friends of Europe, Johny a été sélectionné comme l’un des jeunes influenceurs contribuant à donner forme à l’Europe du futur. Il est également membre de l’advisory board du European Institute de University College London.

L’exposition dans l’Espace 81

En parallèle des 130 photographies, un court métrage réalisé par Johny Pitts a été diffusé. Il mettait en scène un train imaginaire voyageant à travers l’Europe noire avec à son bord différentes voix artistiques et littéraires de la communauté afropéenne. Au court métrage venait s’ajouter une conversation filmée entre Johny Pitts et Marie Daulne, musicienne du groupe Zap Mama, qui est à l’origine de la création du mot Afropéen.

L’enregistrement vidéo de la passionnante rencontre entre Johny Pitts et Amin Maalouf à l’occasion de la 43e cérémonie de remise du Prix Européen de l’Essai était également diffusée en continu. L’échange entre deux écrivains de deux générations différentes dialoguant sur la question de l’identité à travers leurs réflexions et leurs expériences personnelles a grandement suscité l’intérêt du public qui visitait le lieu. Cette rencontre inédite, en anglais sous-titrée en français, permettait d’approfondir la thématique de l’identité.

La documentation en lien avec l’exposition était accessible en langue française et anglaise. Le livre d’or a recueilli différents commentaires enthousiastes. Selon les retours des personnes présentes sur place lors des créneaux de médiation, l’exposition a créé un effet de surprise. Des visiteurs·euses venaient par curiosité, par hasard ou par fidélité au lieu, et il·elle·s étaient toujours impressionné·es de découvrir un univers photographique de cette densité, tant par la dialectique du voyage et de la migration, du racisme et de l’intégration, que par la qualité de l’œuvre exposée. Faire résonner une problématique actuelle par l’image et l’écrit a marqué et questionné beaucoup de visiteurs, toutes générations confondues.

Il convient de souligner que de nombreux visiteurs se sont déplacés dans l’Espace 81 également en raison de la découverte de l’exposition sur les quais, la scénographie attractive réalisée par l’atelier d’architecture OLGa a su pousser le public jusqu’à l’Espace 81. Environ 1300 personnes ont visité l’exposition indoor.

L’exposition en plein air sur les quais

Les photographies en grand format et imprimées sur bois ont eu un fort impact, elles ont réellement interpellées le public, qui a pu découvrir la suite de l’exposition, l’auteur et son œuvre. Huit photographies grand format ont été imprimées recto-verso sur quatre structures en bois construites par l’atelier OLGa. L’atelier OLGa intervient dans le design urbain et l’activation d’espaces publics. Leurs interventions agissent en faveur d’une ville plus animée et d’espaces partagés où chacun doit pouvoir se sentir légitime et acteur. Dès lors, le module jouait avec la proximité du lac en invitant à la détente et la contemplation.

Les images se sont ainsi intégrées dans la réalité quotidienne des passant·e·s se promenant au bord du lac, le temps de se poser, se reposer, manger, converser, créant alors ainsi une autre narration avec le paysage et l’œuvre, et, partant, avec les sujets des œuvres. Le mandat était de créer une agora autour de chaque photographie. Ce qui s’est avéré le cas dès le
premier jour de montage. De jour comme de nuit, force a été de constater que le public s’est réuni autour de ces images. Après l’affluence du festival Le Livre sur les quais, l’exposition a continué d’attirer et d’animer les rives du Léman.

Chaque photo était assortie d’un QR code relié à un fichier audio qui permettait d’écouter en anglais et en français un extrait du livre en lien avec la photographie exposée. Environ 400 écoutes ont été effectuées en deux mois.

Le programme de médiation

Johny Pitts était présent lors de la manifestation Le Livre sur les quais pour échanger sur les thèmes portés par son œuvre. Ces rencontres ont permis d’élargir et de varier les publics, d’ouvrir ces questions à de nouvelles communautés et générations.

Le vernissage de l’exposition ouvert au public s’est tenu le 1er septembre 2022 à 18h à l’Espace 81, en présence de Monsieur Vincent Jaques, municipal de l’enfance, de la culture et de la durabilité de la Ville de Morges, de Madame Ludivine Guex, cheffe de l’Office de la culture de la Ville de Morges, et de Madame Adélaïde Favre, directrice artistique du festival Le Livre sur les quais.

Le vernissage s’est déroulé comme suit:

• mot de bienvenue de Cyril Veillon, président de la Fondation Charles Veillon
• allocution de Vincent Jaques, municipal de la Ville de Morges
• conversation entre Johny Pitts et Salomé Kiner, auteure et journaliste au quotidien Le Temps
• lecture de Johny Pitts
• apéritif sur les quais pour découvrir l’exposition en plein air
• séance de dédicace et vente de livres.

Le vernissage s’est déroulé de manière conviviale et toutes les personnes qui exerçaient une activité de médiation en lien avec l’exposition et l’œuvre ont ensuite été invitées au repas avec Johny Pitts et les membres du jury qui étaient présents.

À l’occasion du vernissage et de l’exposition, un livret a été édité et offert au public. Il comportait les motivations du jury pour la remise du Prix Européen de l’Essai à Johny Pitts et permettait de faire le lien entre l’écrit et l’image et de cerner les contours et les enjeux de l’afropéanité.

Rencontre entre l’auteur et des gymnasiens

Le vendredi 2 septembre, Johny Pitts et des gymnasiens de 16-18 ans et leur professeur Yolande Baehni se sont rencontrés à l’hôtel Mont-Blanc de 9h30 à 11h. Cette rencontre a permis des échanges autour de la photographie, du processus de création et des questions liées au racisme, à l’intégration et à la visibilité des personnes afrodescendantes.

Ce dialogue a été très apprécié par son caractère simple et ouvert et s’est avéré nourrissant pour les différents interlocuteurs. Il s’est déroulé en anglais.

La visite guidée de l’exposition par Johny Pitts

L’après-midi du samedi 3 septembre, Johny Pitts a présenté son travail et s’est tenu à disposition du public qui a largement apprécié l’aspect direct des échanges. À cette rencontre était présent Michel Ndeze, alias Dynamike, chroniqueur à la radio Couleur 3, qui a pu réaliser une interview avec Johny Pitts, diffusée dans les émissions Vertigo et Pili Pili sur la Radio Télévision Suisse.

Grand entretien avec Pamela Ohene-Nyako—Afropeans: Exploring Europe’s Black Communities

Le dimanche 4 septembre, Pamela Ohene-Nyako, fondatrice de la plateforme Afrolitt, a mené un entretien en anglais avec Johny Pitts, qui était traduit simultanément en français par Laurent Lefort. Le dialogue a marqué le public par la profondeur des échanges, au vu des retours qui ont été faits à la fin de la rencontre.

Le premier temps de l’entretien a été consacré aux questions du vocabulaire utilisé : se dire ou être appelée personne noire, blanche, afrodescendante, non blanche, afropéenne, etc., qu’est-ce que cela dit ou sous-tend ? C’était une plongée directe au cœur du sujet, car pour rendre visible une identité ou affirmer une appartenance nouvellement assumée il convient de la nommer. Tout est question de représentation, c’est d’ailleurs ce qu’interrogent l’essai et l’exposition de Johny Pitts. Or au vu des perspectives post-coloniales, des luttes contre les discriminations et pour dépasser le racisme ordinaire, il convient de réinterroger tout un vocabulaire. Cette rencontre a permis une conscientisation des problématiques auxquelles sont particulièrement confrontées les personnes afrodescendantes.

—Écouter l’audio de cet entretien

Journée de médiation avec les scolaires dans l’Espace 81

Le mardi 6 septembre, en partenariat avec Amani Bathily, membre fondatrice de l’association Safro, et le Service de la culture de la Ville de Morges, un programme de médiation a été proposé aux écoles de la ville de Morges.

Dans le cadre de la journée «Morges est au musée», quatre séances de 45 minutes ont été ouvertes aux classes accompagnées de leur professeur·e·s, soit 100 élèves au total. Sur place, la médiatrice Amal Safi présentait l’exposition à destination d’enfants de 9-12 ans. La médiatrice a fait en sorte de présenter l’œuvre photographique de manière interactive et de converser principalement autour des notions de migrations, des premières générations aux suivantes.

Les enfants ont été réactifs. Il·elle·s ont commenté les œuvres et partagé leurs propres expériences. Il·elle·s ont souvent été surpris·e·s de découvrir que l’artiste était jeune et afropéen.

Ateliers incubateurs de réflexion autour de l’afropéanité

Pamela Ohene-Nyako, fondatrice de la plateforme afrolitt.com, a animé deux ateliers qui se sont tenus le dimanche 11 septembre en partenariat avec le Service de la culture de la Ville de Morges. Il s’agissait de proposer deux ateliers de discussion et de réflexion autour de l’afropéanité.

Le premier atelier était destiné au grand public et s’est penché sur les enjeux des représentations des personnes afropéennes dans l’espace public suisse, sur le rapport et les manières de se positionner vis-à-vis d’elles et d’œuvrer dans un esprit d’inclusion.

Le second atelier était quant à lui spécialement destiné aux personnes afrodescendantes. Il se voulait un espace d’échanges autour de questions relatives à leurs expériences en Suisse, la nécessité ou non de s’interroger sur et de définir leur identité.

Leur format consistait en des moments d’échanges en groupes suivis d’une réunion plénière qui avaient lieu sur la base de supports audiovisuels, photographiques et écrits produits par Johnny Pitts. Ces ateliers étaient gratuits et pouvaient accueillir jusqu’à 20 personnes. Il convient de noter que le caractère intime des petits groupes a permis la circulation d’une parole plus libre, plus décomplexée, notamment par rapport aux échanges d’expériences.

L’espace de médiation ouvert à l’Espace 81

Des heures d’accueil avec des médiatrices ont été planifiées selon un horaire annoncé dans l’exposition, pendant les jours de marché, les mercredis, samedis et dimanches, lorsque les visiteur·e·s disposent de davantage de temps pour leur visite. En général, les visiteur·e·s qui ont visité l’exposition à ces moments ont eu de longues et intenses conversations avec les médiatrices.

Bilan des rencontres avec le public

35’000 personnes se sont déplacées pour la manifestation littéraire du Livre sur les quais et ont potentiellement pris connaissance de la thématique afropéenne. Ce rendez-vous a été l’occasion de croiser les regards sur la culture noire qui fait partie de l’héritage européen. Cette manifestation a donc pu semer une graine auprès d’un public varié, contribuant concrètement à la lutte contre le racisme. Le livre d’or fait l’écho à cette visibilité.

La Ville de Morges, très investie également, a porté avec fierté un projet qui a su fédérer et créer une proximité avec une communauté encore souvent laissée en marge. Nous avons pu mettre en œuvre concrètement cette phrase de l’artiste et auteur Johny Pitts: «Nous nous sentons parfois entre les cultures, nous les traversons certainement, et nous essayons d’embrasser toutes les nouveautés de la diaspora afro-européenne. […] Afropean, c’est le rapprochement de tout et de tous.»

Environ 300 personnes ont pris part aux rendez-vous proposés par le Prix Européen de l’Essai et ses partenaires. Il s’agissait de différentes actions de médiation (ateliers, rencontres, visites guidées) qui ont touché différentes cibles : scolaires, familles multicuturelles, lecteurs et lectrices passionnées, amateurs et professionnel·le·s d’art visuel.

Il ressort que ce projet passerelle entre littérature et art visuel, entre cultures au sein et autour de l’Europe a fait parler, dialoguer, échanger, questionner. Nous avons remarqué que des familles se sont rendues à l’exposition pour permettre à leurs enfants métisses de partager des expériences et de trouver un reflet dans ces images. Il y a aussi eu des
parents avec leurs enfants adoptés. Ceci démontre qu’une telle mise en dialogue dans l’espace public est nécessaire.

L’exposition et les rencontres autour du projet Afropean Express à portée européenne ont contribué au rayonnement intellectuel et culturel de l’arc lémanique.