Arundhati Roy

Le 45e Prix Européen de l’Essai est décerné à Arundhati Roy pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la publication de Azadi – Liberté, fascisme, fiction (Paris, Gallimard, 2021, trad. Irène Margit).

Photo © F. Mantovani

Le jury du Prix Européen de l’Essai souhaite mettre en lumière une œuvre enrichissante quant à la réflexion sur la construction du monde et le rapport au langage. Arundhati Roy utilise l’essai comme une forme de combat en analysant le fascisme et la manière dont il se structure. C’est une problématique qui occupe de plus en plus nos espaces. Ses essais offrent un abri à une multitude de personnes. En primant son travail littéraire, le jury salue également l’engagement de l’autrice dans son action politique.

«Quand le pays brûlera, l’extrême droite se présentera de nouveau comme le seul recours, la seule capable de gouverner un “État réfractaire” et de traiter le problème. Une administration politique profondément polarisée sera-t-elle capable de percer à jour ses manigances? Difficile à dire. C’est de ces sujets, du moins de beaucoup d’entre eux, que traitent mes romans comme mes essais depuis plusieurs années.» (A. Roy, Azadi, p. 94.)

Cérémonie de remise du Prix

—Conférence (en anglais)
Arundhati Roy
Lauréate du Prix Européen de l’Essai

—Laudatio (en anglais) Jagoda Marinić Écrivaine et journaliste
—Motivations du jury (en anglais) Gesa Schneider Membre du jury du Prix Européen de l’Essai
—Introduction Antoine Gallimard Directeur des Éditions Gallimard
—Accueil Cyril Veillon Président du jury du Prix Européen de l’Essai et de la Fondation Charles Veillon

—Photos
© Sylvain Chabloz
Le 12 septembre 2023
Lausanne Palace

Table ronde du Prix Européen de l’Essai

Arundhati Roy, lauréate du Prix Européen de l’Essai discute, entre autres, environnement et globalisation, castes et langues, citoyenneté et identité, avec Caroline Abu Sa’da, membre du jury du Prix Européen de l’Essai et Directrice Générale de SOS MÉDITERRANÉE Suisse et Nicola Pozza, Maître d’enseignement et de recherche Section de langues et civilisations slaves et de l’Asie du Sud (SLAS), Faculté des lettres. Mot de bienvenue par Vincent Baudriller, directeur du Théâtre Vidy-Lausanne et Cyril Veillon, président de la Fondation Charles Veillon.

En partenariat avec l’Université de Lausanne et le Théâtre de Vidy.

Photos © Pierre-Antoine Grisoni – Strates Le 11 septembre 2023 Théâtre de Vidy, Lausanne
«Nous savons ce qui s’est produit en Europe quand une organisation animée d’une idéologie similaire a commencé à s’imposer, d’abord dans un pays, puis au-delà, pour un supplément de Lebensraum (espace vital). Nous savons que cela a pu se produire parce que le monde n’a pas prêté une attention suffisante aux avertissements émis par ceux qui en voyaient et en entendaient assez pour comprendre ce qui se préparait. Peut-être ces avertissements paraissaient-ils disproportionnés, démesurés, à un monde anglo-saxon masculin, méfiant envers toute expression désinhibée de détresse ou d’émotion.» (A. Roy, Azadi, p. 136.)
Azadi signifie «liberté» en ourdou. À l’origine, cri de ralliement cachemiri contre le gouvernement indien, il est repris par le peuple indien pour protester contre ses dirigeants. Avec une vive et subtile perspicacité, Arundhati Roy nous met au défi de réfléchir au sens de la liberté dans un monde où l’autoritarisme va croissant. Invitant le lecteur à questionner notre monde sans ménagement, ses essais critiquent, au nom de la liberté, les sociétés qui, à l’Est comme à l’Ouest, offrent de plus en plus prise aux revendications nationalistes. En ces temps troublés à l’échelle mondiale, Arundhati Roy explore dans ses textes l’importance du langage, rappelle le rôle de la fiction et de l’imagination, pour que la crise mondiale puisse devenir l’occasion, pour l’humanité, d’inventer un monde différent. Un regard sans concession qui est aussi un ferment d’espoir!
Couverture Azadi

«La fin de l’imagination fut le premier essai de ce qui devait être vingt ans de non-fiction. Des années durant lesquelles l’Inde a changé à la vitesse de l’éclair. À chaque essai, j’ai tenté de donner une forme propre de langage, de structure, de narration. Pouvais-je écrire au sujet de l’irrigation de manière aussi envoûtante que sur l’amour, la perte et l’enfance? Et au sujet de la salinisation des sols? Des égouts? Des barrages? Des cultures? De l’ajustement structurel et de la privatisation? Du coût à l’unité de l’électricité? De ce qui affecte la vie quotidienne des gens du commun? Était-il possible d’en faire non pas du reportage, mais des histoires, de la littérature? Littérature pour tout un chacun, y compris les gens qui ne savaient ni lire ni écrire, mais qui m’avaient appris à penser et à qui l’on pouvait faire la lecture?»

Arundhati Roy

Le Prix Européen de l’Essai 2023